Voici un article du Point, que je poste aujourd'hui, et qui est paru le 17 février 2011, faisant état de la privatisation voire de la mise en concurrence des systèmes de Sécurité Sociale, en Grande-Bretagne :
http://www.lepoint.fr/monde/gb-les-conservateurs-prescrivent-un-traitement-de-choc-au-systeme-de-sante-17-02-2011-1296381_24.php
GB: les conservateurs prescrivent un traitement de choc au système de santé
C'est un mammouth qui emploie 1,7 million de personnes et gère huit patients à la seconde: le "NHS", plus grand service public de santé au monde, veille sur les Britanniques depuis 1948, mais il doit subir un traitement radical qui alarme l'opinion et les médecins.
C'est un mammouth qui emploie 1,7 million de personnes et gère huit patients à la seconde: le "NHS", plus grand service public de santé au monde, veille sur les Britanniques depuis 1948, mais il doit subir un traitement radical qui alarme l'opinion et les médecins.
"C'est le plus grand bouleversement imposé au NHS depuis sa création", s'est exclamé un membre de la commission parlementaire ad hoc au vu du projet de loi du gouvernement conservateur qui vient d'entamer son parcours au Parlement. "C'est une réorganisation titanesque qui risque de le couler", fustige l'opposition.
Le Premier ministre, David Cameron, n'a certes pas touché au budget du National Health Service, auquel les Britanniques sont très attachés avec son système qui mêle financement par l'impôt et gratuité des soins. C'est l'un des rares à avoir échappé à la cure d'austérité imposée au pays.
Mais "sans modernisation, le principe (de la gratuité) ne sera plus tenable", a prévenu le Premier ministre, arguant du vieillissement de la population.
Pour "lutter "contre la bureaucratie", le gouvernement entend dynamiter une partie de la structure du NHS et accroître le recours au privé.
Les dix "autorités stratégiques de santé", supervisant régionalement le système, sont appelées à disparaître. Comme les 151 "Primary care trusts" et leurs 64.000 employés, qui gèrent localement le budget alloué par l'Etat et l'achat des soins.
D'ici 2013, ce rôle devrait être dévolu à des consortiums de généralistes, qui vont ainsi se voir confier 80% des 110 milliards de livres du budget annuel du NHS et l'achat des prestations médicales (comme une série d'opérations de la hanche), en mettant en concurrence public et privé. Les prix plancher qui évitaient le dumping devraient être abolis.
Qui mieux qu'un généraliste connaît les besoins des patients, argumente David Cameron pour défendre ce projet, déclinaison de cette "Big Society" qu'il appelle de ses voeux, où le pouvoir est transféré de l'administration vers les administrés.
Le gouvernement entend également généraliser les "Foundation trusts", des hôpitaux dont l'autonomie budgétaire sera encore élargie et qui pourront augmenter leurs activités privées.
Avec cette réforme, 20 milliards de livres pourront être économisés d'ici 2014 et réinjectés dans le système, promettent les conservateurs.
Mais syndicats, opposition et professionnels y sont hostiles.
Les premiers brandissent la menace de "licenciements en masse" au NHS, qui se présente comme le quatrième plus gros employeur au monde. Ils crient avec les travaillistes à la "privatisation" et dénoncent l'entrée en force de l'"idéologie libérale" dans le NHS.
Guère enclins à assumer une tache administrative lourde et difficile, 60% des généralistes, selon un sondage, rejettent aussi cette réforme.
L'idée ne convainc pas plus les Britanniques dont 27% seulement, d'après une autre enquête, sont favorables à un rôle accru du privé au sein du NHS.
"Le problème de cette réforme, c'est qu'on en voit pas le gain, ce qui alimente les soupçons d'une démarche idéologique", note Pierre-Louis Bras, un universitaire français, auteur d'une étude comparative entre les systèmes britannique et français. "Après les gros investissements des travaillistes dans les années 2000, les listes d'attente s'étaient réduites et le NHS, qui reste un système peu coûteux comparé à ceux des pays de développement similaire, semblait avoir trouvé un bon équilibre entre rigueur financière et liberté des patients".
"De toutes façons, beaucoup de médecins au NHS pensent que cette réforme est si complexe qu'elle ne se fera sans doute jamais", conclut un cardiologue d'un grand hôpital londonien.
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